Le 26 octobre 1795 est baptisé à Toulouse Crépin Castelbou, fils de François, cordonnier.
Si on en croit l’acte de baptême[1] transcrit ci-dessous, l’enfant a plusieurs parrains et pas de marraine !
L’an mil sept cent quatre-vingt-cinq et le vingt-six octobre a été baptisé par nous, De Lamberty prêtre délégué soussigné, Crépin, que Messieurs les bailes de la frérie de St-Crépin, parrains, nous ont déclaré, le père présent, être né le vingt-trois des dits mois et an, et être fils du sieur François Castelbou cordonnier, et de Bertrand Gesta, mariés. Le père et plusieurs des parrains ont signé avec nous.
Mais alors qui sont ces fameux « bayles de la frérie de St-Crépin » ?
À Toulouse, les bayles[2] sont les jurés des corporations dans lesquelles se regroupent les artisans de chaque corps de métier. Saint Crépin est quant à lui le patron des cordonniers. Les bayles de la confrérie de St-Crépin sont donc les dirigeants de la corporation des cordonniers.
François est cordonnier, comme son père et son grand-père l’étaient avant lui. Lorsque son fils naît, deux jours avant la fête du saint patron des cordonniers, on peut supposer qu’il a choisi d’honorer sa corporation en prénommant l’enfant Crépin et en demandant à ses confrères cordonniers d’en être collectivement les parrains. En effet on dénombre en bas de l’acte pas moins de dix signatures en plus de celle du père et de celle du prêtre, et trois de ces noms sont suivis de la mention ‘bayle’.
Si l’objectif était de s’attirer les bonnes grâces de la corporation, la manœuvre n’a pas eu l’effet escompté. En effet quatre ans plus tard, lorsqu’il déclare la naissance de sa fille Marguerite en mars 1789, François est mentionné comme étant ‘facteur au bureau de la poste’ et non plus cordonnier.
Quant à Crépin, malgré son prénom, il ne perpétue pas la tradition familiale de la cordonnerie. Il est enrôlé dans l’armée napoléonienne en 1806[3] et participe à quatre campagnes jusqu’en 1812 lorsqu’à Olot en Catalogne, il est blessé par une balle de fusil qui lui traverse la main droite.
Par la suite, en 1823 il exerce la profession de cocher à Toulouse, et en 1857, comme tous les survivants des guerres napoléoniennes, il est décoré de la médaille de Sainte-Hélène[4].
[1] Archives municipales de Toulouse, paroisse de la Dalbade, année 1795, cote GG79 vue n°32.
[2] F. Dumas, « Les corporations de métiers de la ville de Toulouse au XVIIIesiècle », in Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, 1900, tome 12, n°48, p. 475-493.
[3] Effectif du 5e régiment d’infanterie de ligne entre 1805 et 1807, matricule n°5142.
[4] Dossier n°128134 au nom de Cyprien Castelbou.